Construction écologique

Les nouvelles directives sur l’utilisation des matériaux recyclés dans la construction

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Les orientations RE2025 et le décret des 8 flux imposent une intégration élargie de matériaux recyclés et de solutions issues du réemploi. Ces dispositifs modifient la gestion des déchets, soutiennent certaines évolutions techniques et accompagnent une dynamique d’économie circulaire, tout en s’adressant aux attentes croissantes des acteurs du secteur de la construction durable.

Révision réglementaire et changements dans le secteur

La réglementation RE2025, applicable à partir du 1er janvier 2025, introduit une série d’ajustements dans le secteur du bâtiment. Son objectif est de diminuer les émissions de carbone des constructions neuves et de favoriser l’utilisation de matériaux d’origine biologique ou recyclés, comme le bois, le chanvre ou la paille. Elle prévoit également une limitation progressive de matériaux très émetteurs tels que le béton et l’acier standards.

En parallèle, le décret des 8 flux instaure de nouvelles responsabilités de tri et de gestion de déchets de chantier à partir de 2025. Il élargit la classification des flux à séparer : papiers, plastiques, métaux, verres, textiles, plâtre et composants minéraux. Cet encadrement réglementaire s’inscrit dans une logique de gestion raisonnée des déchets, de réduction du gaspillage et de promotion de pratiques circulaires.

Cela vise à diminuer les volumes dirigés vers les sites d’enfouissement et à amplifier l’usage de matériaux de substitution, issus soit du réemploi, soit du recyclage. L’un des objectifs chiffrés porte sur un taux de recyclage de 70% pour les déchets inertes d’ici la fin de l’année 2025. Cette orientation influence un ensemble varié d’intervenants : maîtres d’ouvrage, entreprises, autorités locales et investisseurs impliqués dans le secteur immobilier.

Contraintes techniques et cadre légal

Seuils exigés et catégories de matériaux

La RE2025 introduit des taux d’incorporation minimum de matériaux recyclés dans les projets publics et privés. Un projet commandité par une organisation publique doit inclure un minimum de 60% de composants issus du réemploi ou du recyclage. D’autres objectifs plus ambitieux sont prévus d’ici à 2031 pour certaines typologies d’ouvrages. Des pratiques comme la déconstruction sélective, le tri sur place et l’usage de technologies adaptées (tri robotisé, assistance à la déconstruction) sont nécessaires pour répondre à ces exigences.

Matériau recycléTaux minimal (RE2025)Caractéristiques identifiéesLimites techniques
Béton recyclé40 à 100%Propriétés proches du béton neuf, recyclage issu de démolitionQualité variable, contrôles recommandés
Bois recyclé≥ 61%Convient aux structures et à certains aménagementsTraitements nécessaires, exigences de traçabilité
Acier recycléSelon les utilisationsRésistance et réutilisation fréquenteContrôle strict requis sur certains assemblages
Plâtre, briques, tuilesInclus dans les 8 fluxPossibilité de réutilisation dans diverses finitionsQualité dépendante du tri et de la séparation

Normes juridiques et articulation des dispositifs

La RE2025 oriente la conception des bâtiments neufs vers des approches plus respectueuses de l’environnement en intégrant le recyclage dès les premières phases du projet. De son côté, le décret des 8 flux impose une gestion distincte et structurée des différentes catégories de déchets. Les entreprises et collectivités doivent dorénavant démontrer une organisation du tri en amont, intégrant tous les flux définis.

La bonne application dépend de la coordination entre ces deux instruments réglementaires. Elle implique de revoir certains procédés techniques, de réorganiser les circuits logistiques et d’adapter les cahiers des charges. Le diagnostic relatif aux déchets avant toute démolition est désormais obligatoire pour rendre possible la réutilisation ou le recyclage. Des dispositions renforcées encadrent les sanctions en cas de non-respect, incitant les professionnels à monter en compétence sur ces processus.

Effets économiques et organisationnels

Recourir aux matériaux recyclés ou issus d’un réemploi organisé peut générer des gains économiques. On observe en moyenne une baisse de près de 25 % sur le coût d’achat des matières premières, ce qui allège la pression sur les ressources vierges tout en rendant les projets plus attrayants dans le cadre des marchés publics. Grâce à des techniques adaptées de démontage et à des systèmes de tri plus avancés, jusqu’à 80 % d’un bâtiment peut être valorisé sous forme de matières utilisables.

Cette progression vers un modèle de circularité s’accompagne d’une réorganisation progressive des pratiques : certains groupes du BTP créent leurs propres écosystèmes de revalorisation, tandis que les maîtres d’ouvrage peuvent améliorer la compétitivité globale de leurs projets. Le secteur immobilier soucieux des critères environnementaux perçoit une amélioration progressive de la valeur perçue des opérations intégrant ce type de démarches.

« Lors du chantier du programme Recygénie à Gennevilliers, l’utilisation de plus de 80 % de matériaux recyclés est devenu possible grâce à une planification adaptée et à des partenariats locaux ciblés. Cela s’est traduit par une réduction de 25 % du poste matériaux, une meilleure transparence dans la gestion du tri, et la reconnaissance de notre projet sous le label économie circulaire. Les intervenants sur le site ont adopté cette approche avec intérêt, motivés par ses retombées concrètes sur le plan financier et environnemental. »

Approche design et créations intégrées

Les matériaux réutilisés ne sont pas seulement considérés comme une solution pratique : ils contribuent également à des approches esthétiques spécifiques. Dans l’architecture intérieure, ils deviennent des composants de conception à part entière : parquets en bois revalorisé, surfaces en béton de récupération, objets issus de l’acier ou du verre récupéré. Les professionnels appliquent ces matières dans des projets mêlant personnalisation et impact réduit.

Parmi plusieurs initiatives récentes, certains bâtiments exploitent de vieilles briques ou produits issus de la déconstruction pour créer des espaces à caractère. D’autres intègrent du mobilier façonné à partir d’anciennes structures ou d’éléments rénovés. Ces démarches attirent de nouveaux profils de clients, tout en enrichissant l’attrait pour des projets immobiliers se démarquant par leur méthode constructive.

Ce qu’il faut savoir sur l’évolution des règles

Quels matériaux doivent obligatoirement être intégrés en 2025 ?

La RE2025 encourage l’utilisation renforcée de matériaux issus de ressources naturelles renouvelables (bois, chanvre, paille) et de composants recyclés comme le béton, l’acier, le plâtre ou certains textiles. Le décret des 8 flux complète cette directive en demandant un tri spécifique des déchets minéraux, des plastiques, textiles, métaux et autres catégories.

Comment vérifier la qualité des matériaux recyclés utilisés ?

Le respect des normes repose sur la traçabilité, les certifications produits et les diagnostics obligatoires établis avant toute démolition. Il est recommandé aux entreprises de s’inscrire dans des filières qualifiées avec des partenaires reconnus afin de garantir le respect des quantités visées dans la réglementation RE2025.

Y a-t-il des retours économiques positifs pour les maîtres d’ouvrage ?

Oui. En recourant à de telles pratiques, certaines entreprises observent une baisse significative des coûts liés aux matières premières. De plus, elles peuvent mieux se positionner lors des consultations publiques puisque les projets intégrant un volume important de matériaux recyclés sont aujourd’hui mieux évalués.

Quels obstacles concrets faut-il prévoir ?

Parmi les défis fréquemment rencontrés, on trouve la mise en œuvre d’un tri efficace, la gestion du stockage, la variabilité qualitative des matières et l’adaptation des outils de chantier. L’instauration de nouvelles technologies, comme les systèmes automatisés de tri ou les solutions assistées, permet peu à peu de surmonter ces blocages.

Les matériaux recyclés sont-ils comparables aux matériaux classiques ?

Les progrès réalisés assurent aujourd’hui des niveaux de fiabilité satisfaisants dans de nombreux cas. Qu’il s’agisse d’acier, de béton ou de bois, les performances physiques ou mécaniques sont désormais considérées comme adaptées à la majorité des usages demandés sur les chantiers modernes.

Quels matériaux doivent obligatoirement être intégrés en 2025 ?

La RE2025 encourage l’utilisation renforcée de matériaux issus de ressources naturelles renouvelables (bois, chanvre, paille) et de composants recyclés comme le béton, l’acier, le plâtre ou certains textiles. Le décret des 8 flux complète cette directive en demandant un tri spécifique des déchets minéraux, des plastiques, textiles, métaux et autres catégories.

Les directives RE2025 et le décret des 8 flux introduisent de nouveaux mécanismes dans la construction visant à faire progresser l’usage de composants réemployés ou transformés. Ces orientations modifient les logiques de gestion des matériaux, favorisent l’émergence de techniques nouvelles et offrent certaines opportunités économiques aux professionnels. Les retours des chantiers permettent de comprendre que cette transition, bien qu’exigeante, peut s’inscrire dans les choix opérationnels dès aujourd’hui.

Sources de l’article

  • https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/produits-materiaux-construction-du-secteur-du-batiment-pmcb
  • https://www.ecologie.gouv.fr/politiques-publiques/materiaux-construction-biosources-geosources
  • https://rt-re-batiment.developpement-durable.gouv.fr/guide-re2020-mise-a-jour-du-9-mai-2025-a1013.html
Image Arrondie

Quelques mots sur moi

Je m'appelle Christophe, et depuis aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours été attiré par ce qui fait sens, ce qui respecte l'humain et la nature. Je suis originaire d’un petit coin de campagne où l’on apprend très tôt à réparer, à réutiliser, à construire avec ce qu’on a sous la main.